[ L'Afrique, un nouvel espace stratégique pour les Etats-Unis ]
"Même les officiels d'une administration Bush pourtant essentiellement préoccupée par la guerre en Irak accordent de plus en plus d'attention à l'Afrique, et ce n'est pas pour des raisons humanitaires. Car, finalement, elle n'a presque rien à redouter en terme d'impact des nombreuses situations dramatiques que traverse le continent." Le quotidien américain analyse cette évolution en relevant que l'intérêt américain pour l'Afrique repose sur trois facteurs : "Le terrorisme islamiste, la sécurité énergétique, l'influence grandissante de la Chine sur ce continent."
"Tout d'abord, les groupes islamistes radicaux sont en train de recruter en Afrique, où ils renforcent leurs liens avec Al-Qaida et développent des voies d'infiltration vers l'Europe, le golfe Arabo-Persique et l'Irak", note The Wall Street Journal, qui relève ainsi "qu'il n'est pas anodin qu'Oussama Ben Laden ait cité le Soudan et le Darfour lors dans son dernier message". Le quotidien ne se voile pas non plus la face : "Si 40 % des nations africaines sont aujourd'hui considérées comme des démocraties, d'immenses parties du continent sont sans lois, corrompues et terriblement pauvres, ce qui constitue un terreau idéal pour alimenter le terrorisme antioccidental."
"Ensuite, les prix records du pétrole et la dépendance de plus en plus forte de l'Occident à l'or noir rendent difficile la protection des fournisseurs africains. Les pays du golfe de Guinée représentent aujourd'hui 15 % de l'approvisionnement des Etats-Unis, mais ce pourcentage devrait monter à 25 % dans les dix ans à venir."
"Enfin, la Chine a fait de l'Afrique l'un des fers de lance de sa quête d'influence au niveau mondial, triplant dans les cinq dernières années ses échanges commerciaux avec le continent pour les porter à 37 milliards de dollars. Et Pékin forme aujourd'hui dans ses universités et ses écoles militaires les élites africaines de demain." Le président chinois Hu Jintao est d'ailleurs actuellement en tournée en Afrique, où il va rencontrer les dirigeants marocains, nigérians et kényans.
Pour agir, estime The Wall Street Journal, il faut que les Etats-Unis coordonnent leurs forces. Ce qu'ils ont commencé à faire. "Le commandement des forces américaines en Europe a créé un groupe d'action auquel participent 15 agences gouvernementales. Et le général en chef de ce commandement travaille avec la chambre de commerce américaine pour que des hommes d'affaires américains se joignent à lui lors de ses déplacements dans un pays africain."
En fait, la politique américaine en Afrique s'articule surtout autour d'une coopération militaire renforcée, mais, prévient le quotidien, "le grand combat du XXIe siècle est de parvenir à coordonner les acteurs influents au plan national pour qu'ils travaillent tous dans le même sens. Si rien ne suit la coopération militaire, les Etats-Unis ne triompheront pas en Afrique."
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* Source : Courrier International, L'Opinion Du Jour (25.04.2006)
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TPO : La situation s'est plus ameliorée maintenant (en 2012).