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The Patient Ox (aka Hénock Gugsa)

G r e e t i n g s !

** TPO **
A personal blog with diverse topicality and multiple interests!


On the menu ... politics, music, poetry, and other good stuff.
There is humor, but there is blunt seriousness here as well!


Parfois, on parle français ici aussi. Je suis un francophile .... Bienvenue à tous!

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Friday, February 6, 2015

La Dernière Classe - Alphonse Daudet


La Dernière Classe 
- Alphonse Daudet -

Ce matin-là j'étais très en retard pour aller à l'école, et j'avais grand-peur d'être grondé, d'autant que M. Hamel nous avait dit qu'il nous interrogerait sur les participes, et je n'en savais pas le premier mot. Un moment l'idée me vint de manquer la classe et de prendre ma course à travers champs.

Le temps était si chaud, si clair.

On entendait les merles siffler à la lisière du bois, et dans le pré Rippert derrière la scierie, les Prussiens qui faisaient l'exercice. Tout cela me tentait bien plus que la règle des participes; mais j'eus la force de résister, et je courus bien vite vers l'école.

En passant devant la mairie, je vis qu'il y avait du monde arrêté près du petit grillage aux affiches. Depuis deux ans, c'est de là que nous sont venues toutes les mauvaises nouvelles, les batailles perdues, les réquisitions, les ordres de commandature; et je pensai sans m'arrêter:

«Qu'est-ce qu'il y a encore?»

Alors, comme je traversais la place en courant, le forgeron Wachter, qui était là avec son apprenti en train de lire l'affiche, me cria:

--«Ne te dépêche pas tant, petit; tu y arriveras toujours assez tôt à ton école!»

Je crus qu'il se moquait de moi, et j'entrai tout essoufflé dans la petite cour de M. Hamel.

D'ordinaire, au commencement de la classe, il se faisait un grand tapage qu'on
entendait jusque dans la rue, les pupitres ouverts, fermés, les leçons qu'on répétait très haut tous ensemble en se bouchant les oreilles pour mieux apprendre, et la grosse règle du maître qui tapait sur les tables:

«Un peu de silence!»

Je comptais sur tout ce train pour gagner mon banc sans être vu; mais justement ce jour-là tout était tranquille, comme un matin de dimanche. Par la fenêtre ouverte, je voyais mes camarades déjà rangés à leurs places, et M. Hamel, qui passait et repassait avec la terrible règle en fer sous le bras. Il fallut ouvrir la porte et entrer au milieu de ce grand calme. Vous pensez, si j'étais rouge et si j'avais peur!

Eh bien, non. M. Hamel me regarda sans colère et me dit très doucement:

«Va vite à ta place, mon petit Frantz; nous allions commencer sans toi.»

J'enjambai le banc et je m'assis tout de suite à mon pupitre. Alors seulement, un peu remis de ma frayeur, je remarquai que notre maître avait sa belle redingote verte, son jabot plissé fin et la calotte de soie noire brodée qu'il ne mettait que les jours d'inspection ou de distribution de prix. Du reste, toute la classe avait quelque chose d'extraordinaire et de solennel. Mais ce qui me surprit le plus, ce
fut de voir au fond de la salle, sur les bancs qui restaient vides d'habitude, des gens du village assis et silencieux comme nous, le vieux Hauser avec son tricorne, l'ancien maire, l'ancien facteur, et puis d'autres personnes encore. Tout ce monde-là paraissait triste; et Hauser avait apporté un vieil abécédaire mangé aux bords qu'il tenait grand ouvert sur ses genoux, avec ses grosses lunettes posées
en travers des pages.

Pendant que je m'étonnais de tout cela, M. Hamel était monté dans sa chaire, et de la même voix douce et grave dont il m'avait reçu, il nous dit:

«Mes enfants, c'est la dernière fois que je vous fais la classe. L'ordre est venu de Berlin de ne plus enseigner que l'allemand dans les écoles de l'Alsace et de la Lorraine... Le nouveau maître arrive demain. Aujourd'hui c'est votre dernière leçon de français. Je vous prie d'être bien attentifs.»

Ces quelques paroles me bouleversèrent. Ah! les misérables,voilà ce qu'ils avaient affiché à la mairie.

Ma dernière leçon de français!...

Et moi qui savais à peine écrire! Je n'apprendrais donc jamais! Il faudrait donc en rester là!... Comme je m'en voulais maintenant du temps perdu, des classes manquées à courir les nids ou à faire des glissades sur la Saar! Mes livres que tout à l'heure encore je trouvais si ennuyeux, si lourds à porter, ma grammaire, mon histoire sainte me semblaient à présent de vieux amis qui me feraient beaucoup de peine à quitter. C'est comme M. Hamel. L'idée qu'il allait partir, que je ne le verrais plus me faisait oublier les punitions et les coups de règle.

Pauvre homme!

C'est en l'honneur de cette dernière classe qu'il avait mis ses beaux habits du dimanche, et maintenant je comprenais pourquoi ces vieux du village étaient venus s'asseoir au bout de la salle. Cela semblait dire qu'ils regrettaient de ne pas y être venus plus souvent, à cette école. C'était aussi comme une façon de remercier notre maître de ses quarante ans de bons services, et de rendre leurs devoirs à la patrie qui s'en allait...

J'en étais là de mes réflexions, quand j'entendis appeler mon nom. C'était mon tour de réciter. Que n'aurais-je pas donné pour pouvoir dire tout au long cette fameuse règle des participes, bien haut, bien clair, sans une faute; mais je m'embrouillai aux premiers mots, et je restai debout à me balancer dans mon banc, le coeur gros, sans oser lever la tête. J'entendais M. Hamel qui me parlait:

«Je ne te gronderai pas, mon petit Frantz, tu dois être assez puni... voilà ce que c'est. Tous les jours on se dit: Bah! j'ai bien le temps. J'apprendrai demain. Et puis tu vois ce qui arrive... Ah! ç'a été le grand malheur de notre Alsace de toujours remettre son instruction à demain. Maintenant ces gens-là sont en droit de nous dire: Comment! Vous prétendiez être Français, et vous ne savez ni parler ni écrire votre langue!... Dans tout ça, mon pauvre Frantz, ce n'est pas encore toi le plus coupable. Nous avons tous notre bonne part de reproches à nous faire.

«Vos parents n'ont pas assez tenu à vous voir instruits. Ils aimaient mieux vous envoyer travailler à la terre ou aux filatures pour avoir quelques sous de plus. Moi-même n'ai-je rien à me reprocher? Est-ce que je ne vous ai pas souvent fait arroser mon jardin au lieu de travailler? Et quand je voulais aller pêcher des truites, est-ce que je me gênais pour vous donner congé?...»

Alors d'une chose à l'autre, M. Hamel se mit à nous parler de la langue française, disant que c'était la plus belle langue du monde, la plus claire, la plus solide: qu'il fallait la garder entre nous et ne jamais l'oublier, parce que, quand un peuple tombe esclave, tant qu'il tient sa langue, c'est comme s'il tenait la clef de sa prison... Puis il prit une grammaire et nous lut notre leçon. J'étais étonné de voir comme je comprenais. Tout ce qu'il disait me semblait facile, facile. Je crois aussi que je n'avais jamais si bien écouté, et que lui non plus n'avait jamais mis autant de patience à ses explications. On aurait dit qu'avant de s'en aller le pauvre homme voulait nous donner tout son savoir, nous le faire entrer dans la tête d'un seul coup.

La leçon finie, on passa à l'écriture. Pour ce jour-là, M. Hamel nous avait préparé des exemples tout neufs, sur lesquels était écrit en belle ronde: France, Alsace, France, Alsace. Cela faisait comme des petits drapeaux qui flottaient tout autour de la classe pendu à la tringle de nos pupitres. Il fallait voir comme chacun s'appliquait, et quel silence! on n'entendait rien que le grincement des plumes sur le papier. Un moment des hannetons entrèrent; mais personne n'y fit attention, pas même les tout petits qui s'appliquaient à tracer leurs bâtons, avec un coeur, une conscience, comme si cela encore était du français... Sur la toiture de l'école, des pigeons roucoulaient bas, et je me disais en les écoutant:

«Est-ce qu'on ne va pas les obliger à chanter en allemand, eux aussi?»

De temps en temps, quand je levais les yeux de dessus ma page, je voyais M. Hamel immobile dans sa chaire et fixant les objets autour de lui comme s'il avait voulu emporter dans son regard toute sa petite maison d'école... Pensez! depuis quarante ans, il était là à la même place, avec sa cour en face de lui et sa classe toute pareille. Seulement les bancs, les pupitres s'étaient polis, frottés par l'usage; les noyers de la cour avaient grandi, et le houblon qu'il avait planté lui-même enguirlandait maintenant les fenêtres jusqu'au toit. Quel crêve-coeur ça devait être pour ce pauvre homme de quitter toutes ces choses, et d'entendre sa soeur qui allait, venait, dans la chambre au-dessus, en train de fermer leurs malles! car ils devaient partir le lendemain, s'en aller du pays pour toujours.

Tout de même il eut le courage de nous faire la classe jusqu'au bout. Après l'écriture, nous eûmes la leçon d'histoire; ensuite les petits chantèrent tous ensemble le BA BE BI BO BU. Là-bas au fond de la salle, le vieux Hauser avait mis ses lunettes, et, tenant son abécédaire à deux mains, il épelait les lettres avec eux. On voyait qu'il s'appliquait lui aussi; sa voix tremblait d'émotion, et c'était si drôle de l'entendre, que nous avions tous envie de rire et de pleurer. Ah! je m'en souviendrai de cette dernière classe...

Tout à coup l'horloge de l'église sonna midi, puis l'Angelus. Au même moment, les trompettes des Prussiens qui revenaient de l'exercice éclatèrent sous nos fenêtres... M. Hamel se leva, tout pâle, dans sa chaire. Jamais il ne m'avait paru si grand.

«Mes amis, dit-il, mes amis, je... je... »

Mais quelque chose l'étouffait. Il ne pouvait pas achever sa phrase.

Alors il se tourna vers le tableau, prit un morceau de craie, et, en appuyant de toutes ses forces, il écrivit aussi gros qu'il put:

«VIVE LA FRANCE!»

Puis il resta là, la tête appuyée au mur, et, sans parler, avec sa main il nous faisait signe:

«C'est fini...allez-vous-en.»


Saturday, December 13, 2014

L'histoire d'un hibou - de Haïti



L'histoire d'un  hibou *
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Il était une fois, un hibou. Comme chacun sait, ou ne le sait pas, le hibou est un grand timide. Il croit qu'il est laid - si laid que personne ne peut le regarder s’il lui arrive de croiser quelqu’un. Si laid, qu'il cause des accidents de la route. Si laid, que les bébés se mettent à hurler s'ils aperçoivent son visage. Pour toutes ces raisons, le hibou ne sort jamais pendant le jour. Il attend la nuit noire, lorsque personne ne peut le voir.

Un soir, alors qu’il est dehors, le hibou rencontre une jeune fille. Ils se mettent à parler et elle l'invite dans sa maison. Il accepte et les voilà assis sous le porche pendant plusieurs heures à discuter. Le hibou dès le premier instant tombe amoureux de la fille et, ce qui tombe bien, elle aussi. Elle l'invite à revenir la nuit suivante et il revient. Ils s’asseyent sous le porche et parlent pendant des heures, presque jusqu'à l'aube. Par moment, ils se tiennent même la main. Nuit après nuit, le hibou revient rendre visite à sa belle et nuit après nuit il s’en va avant l'aube, si bien que la jeune femme ne peut vraiment pas savoir à quoi il ressemble.

La jeune femme a des amis qui ont entendu parler de ce prétendant de la nuit et veulent savoir à quoi il ressemble car ils aiment beaucoup leur amie et sont heureux qu'elle ait enfin rencontré quelqu'un dont elle est tombée amoureuse.

- Pourquoi le Hibou ne te rend-t-il jamais visite pendant le jour, lui demandent-ils ?
- Parce qu’il travaille, répond la fille et lorsqu’il rentre chez lui, il doit faire son ménage, préparer son dîner et il ne peut venir qu’à la nuit tombée.
- Nous voulons le rencontrer, ont dit ses amis.
- Bien sûr, il ne travaille pas le dimanche. Pourquoi n’organisez-vous pas une grande fête en son honneur ? Vous pourriez ainsi tous le rencontrer.

La jeune fille est certaine que c’est la meilleure des idées et lorsque son amoureux vient le soir, elle l’invite pour le dimanche suivant. Une fête sera donnée en son honneur par ses amis. Le Hibou est pourtant vraiment très timide mais il accepte. Vous savez que quand on aime, on est capable de vaincre toutes ses peurs.

Les jours passent. Le dimanche arrive. Le hibou est très nerveux. Il demande à son cousin le coq de l’accompagner car plus le temps passe, plus il a peur.

En chemin, le hibou commence à regarder le coq et à se comparer à lui. Le coq est grand et bien habillé » pense-t-il en regardant le cheveux roux du coq, ses vêtements colorés et ses bottines jaunes. A côté de lui, je suis morne et terne, se dit-il encore en regardant ses vêtements bruns et en plus de tout, je suis laid. Plus ils se rapprochent de la maison, plus il a peur.

Mon cousin le coq, dit soudain le Hibou, j'ai oublié quelque chose chez moi. Entrez donc sans moi et vous direz que j'ai dû rentrer à la maison mais que je serai de retour d’ici un moment. Le coq entre et fait le message du hibou.

Un peu plus tard, dès qu’il fait très sombre, le hibou arrive à la fête. Il craint un peu que la fille et sa famille ne soient fâchés de son retard mais il se fait violence et avance d’un pas.

Le coq qui l’attend sous le porche, le voit et semble tout à fait effrayé.

- Hibou, demanda-t-il, qu'est ce  donc cela sur votre tête ?
- C'est un chapeau, répond le hibou. Beaucoup de gens portent des chapeaux.
- C’est vrai, dit le coq, mais ils les portent sur la tête, et pas comme vous, tout autour de la tête.
- Je me suis blessé aux yeux, dit le hibou, Ils ne supportent pas la lumière. Mon chapeau les protège.
- Oui , réplique le coq et il protège aussi le reste de votre tête.
- Ne vous moquez pas de mon chapeau mais dites-moi plutôt ce qu’on a dit de mon retard. Sont-ils en colère ?
- Ils le seront bien plus si vous n’entrez pas, dit le coq.
- J'entre, j'entre, dit le hibou, mais promettez-moi d’abord une chose.
- Quoi donc ?
- Je dois être de retour à la maison avant le lever du soleil. Essayer donc de me prévenir à temps, plutôt que de chanter au lever du soleil, comme vous faites d'habitude ?
Il ne faut surtout pas que la jeune femme voit son visage à la lumière du jour.
- Bien sûr, hibou, bien sûr dit le coq et il le fait entrer à l’intérieur.

A cet instant précis, la fête bat son plein. Les batteurs jouent et les chanteurs chantent et leur musique donne quelque chose dans le genre de « Dong-aada-dong-aada-dong-aada-dong, Dong-aada-dong-aada-aaii-ee-oooo! Dong-aada-dong-aada-dong-aada-dong, Dong-aada-dong-aada-aaii-ee-oooo! »

C’est justement la chanson préférée du hibou et quand il l'entend, il veut danser. Il va près de sa jeune amie, lui fait des excuses pour son retard et ils partent sur la piste de danse. Vous savez que le hibou est timide mais ce que vous en savez pas c’est qu’il est un excellent danseur. Plus il danse, moins il sait où il est et moins il sait où il est et plus il danse. « Dong-aada- dong-aada-dong-aada-dong, Dong-aada-dong-aada-dong-aaii-ee-ooo! Dong-aada-dong-aada-dong-aada-dong. Dong-aada-dong-aada-aaii-eee-oooo! » ça dure ainsi toute la nuit.

Le hibou s’amuse tellement qu'il oublie le temps et soudain, il entend son cousin le coq, qui complètement ivre, chante. Il a manqué l'aube et la lumière du jour entre dans la pièce. Le hibou affolé cherche une fenêtre. Il est certain que la fille en voyant son visage, comprendra combien il est laid. Il vole en tous sens. Son chapeau tombe sur le sol. Il vole de plus en plus vite et découvre une fenêtre ouverte par laquelle il s’enfuit. La jeune fille hurle « Hibou! revient!" Elle se précipite par la porte mais en vain. « Hibou! revient!" Le hibou ne l'a pas entendue.

La jeune fille rentre chez elle. Elle aide à tout remettre en ordre. Personne ne sait que penser du comportement étrange du hibou. Le soir, elle s’assied sous le porche et attend. Elle espère qu'il reviendra, mais il ne revient pas. Chaque soir, elle attend et chaque soir, elle espère. Elle repense sans cesse à cette soirée, combien tout a été si agréable. Elle repense au hibou qui danse si bien et comment il l’a regardée. Elle revoit son visage presque rond, ses grands yeux et son petit nez. Elle se dit qu’il a un visage fort, un visage attirant. Elle a aimé ses yeux tout de suite mais elle ne sait pas que le hibou se croit laid.

Elle l'attend des nuits, des jours, des semaines, des mois mais il ne revient pas. Pendant une année entière elle l'attend et puis un jour, elle rencontre quelqu'un d'autre et l'épouse. Mais chaque matin, lorsque le chant du coq la réveille aux premiers rayons du soleil, elle ne peut s’empêcher de penser au Hibou et se demande encore aujourd’hui pourquoi il s’est enfuit en courant et où il est parti.
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* Conte de Haïti

Thursday, October 23, 2014

"ERIK, le paysan rusé" - conte de la Norvège


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"ERIK, le paysan rusé"
- Norske Folkeeventyr -
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Un jour, un paysan était allé dans la forêt avec son cheval et son traîneau pour faire la provision de bois. Il n’avait pas terminé son ouvrage qu’un énorme ours s’approcha de lui et lui dit :

- Donne-moi ton cheval sinon cet été, tu pourras faire attention à tes moutons.
- Oh l’Ours ! répondit le paysan, il ne me reste pas plus de bois à la maison, pas une seule petite bûche. Je t’en prie, laisse-moi ramener cette charge de rondins jusque chez moi. Tu ne voudrais pas que je meure de froid ? Demain, je te promets de te ramener le cheval.

L’ours le laissa partir mais lui signifia que s’il ne tenait pas sa promesse, il le payerait très cher.

En chemin, il rencontra un renard. Celui-ci en voyant son air triste lui demanda :

- Pourquoi as-tu l’air si malheureux ? dit le rusé compère.
- Oh le Renard ! répondit le paysan, j’ai rencontré l’ours dans la forêt et il m’a fait promettre de lui ramener mon cheval demain sinon, il s’attaquera à mes moutons cet été.
- Ce n’est pas si terrible ! dit le renard. Si tu promets de me donner le plus gras des agneaux de ton étable, je te délivrerai de ta promesse à l’ours.

Le paysan trop heureux de sauver son cheval accepta avec empressement.


- Ecoute bien, dit le renard. Demain, tu amèneras ton cheval à l’ours. Je serai sur le sommet de la colline et je chanterai tellement fort que l’ours ne manquera pas de te demander " mais qu’est-ce que cela ? " Tu auras simplement à lui répondre " C’est Pierre, le chasseur ". Pour le reste, tu n’as pas besoin de t’inquiéter.

Le lendemain, le paysan conduisit son cheval comme prévu. Il allait le lui remettre le cheval quand il entendit une chanson.

- Qu’est-ce que cela ? demanda l’ours, visiblement inquiet.
- Ce n’est que Pierre, le chasseur, le meilleur tireur de toute la région.
- N’as-tu vu aucun ours dans la forêt ? demanda une voix venant du haut de la colline.
- Réponds que non, lui souffla l’ours.
- Non, chasseur, je n’ai vu aucun ours, répondit le paysan.
- Mais dis-moi, qu’est-ce qui se tient à côté de toi ? demanda encore la voix.
- Dis-lui que c’est un vieux tronc d’arbre, lui souffla l’ours.
- C’est un vieux tronc d’arbre que je vais charger, dit le paysan.
- Veux-tu que je descende pour t’aider à le charger ? demanda la voix.
- Attache-moi vite et dit que tu as terminé, souffla l’ours.
- Je te remercie mais c’est déjà fait, dit le paysan. Il attacha l’ours de telle façon qu’il ne pouvait plus remuer.
 

La voix s’éleva à nouveau et demanda :

- Comment se fait-il que tu n’aies pas encore planté ta hache dans le tronc comme le font tous les bûcherons ?

Le paysan prit sa hache et, d’un coup net, brisa le crâne de l’ours. Il s’en retournait chez lui lorsque le renard surgit au premier carrefour. Tous les deux prirent le chemin de la maison mais arrivé à proximité de l’entrée du village le renard s’arrêta.

- Je ne veux pas aller plus loin. Je crains tes chiens. Va me chercher l’agneau mais mets-le dans un sac pour que personne ne se doute de ma présence.
 
L’homme rentra dans la bergerie et se préparait à mettre un agneau bien dodu dans un sac quand sa femme arriva.

- Mais qu’est-ce que tu fais ? demanda celle-ci.
- Je vais porter un agneau au renard, dit le paysan. Il m’a délivré de l’ours et je le lui ai promis.
- Un agneau pour le renard ! s’exclama la ménagère. Sais-tu combien de poules et de canards il a déjà volé ? Il m’en volera encore, ça, j’en suis certaine. Il s’est déjà bien payé sans ton concours. Mets les chiens dans le sac et offre-les lui.

L’homme trouva ce conseil judicieux. Il mit ses deux chiens dans un sac et revient vers le renard qui l’attendait avec impatience et se pourléchait déjà les babines.

- Ah te voilà ! Ouvre vite ton sac et grand merci, dit le renard.

Les chiens s’échappèrent et se jetèrent sur le renard qui surpris, n’eut pas le temps de s’enfuir.

Le paysan et ses deux chiens revinrent vers la maison trop heureux d’avoir sauvé à la fois le cheval et l’agneau.


Monday, May 5, 2014

L'Amour et la Folie - Jean de La Fontaine


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L'Amour et la Folie
Poème de Jean de La Fontaine
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Tout est mystère dans l'Amour,
Ses flèches, son Carquois, son Flambeau, son Enfance.
Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour
Que d'épuiser cette Science.
Je ne prétends donc point tout expliquer ici.
Mon but est seulement de dire, à ma manière,
Comment l'Aveugle que voici
(C'est un Dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière ;
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien ;
J'en fais juge un Amant, et ne décide rien.
La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble.
Celuici n'était pas encor privé des yeux.
Une dispute vint : l'Amour veut qu'on assemble
Là-dessus le Conseil des Dieux.
L'autre n'eut pas la patience ;
Elle lui donne un coup si furieux,
Qu'il en perd la clarté des Cieux.
Vénus en demande vengeance.
Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris :
Les Dieux en furent étourdis,
Et Jupiter, et Némésis,
Et les Juges d'Enfer, enfin toute la bande.
Elle représenta l'énormité du cas.
Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas :
Nulle peine n'était pour ce crime assez grande.
Le dommage devait être aussi réparé.
Quand on eut bien considéré
L'intérêt du Public, celui de la Partie,
Le résultat enfin de la suprême Cour
Fut de condamner la Folie
A servir de guide à l'Amour.

Monday, February 10, 2014

Jacques Prévert - Déjeuner du matin

 
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 "Déjeuner du matin"
- Jacques Prévert -

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Il a mis le café
Dans la tasse
Il a mis le lait
Dans la tasse de café
Il a mis le sucre
Dans le café au lait
Avec la petite cuiller
Il a tourné
Il a bu le café au lait
Et il a reposé la tasse
Sans me parler

Il a allumé
Une cigarette
Il a fait des ronds
Avec la fumée
Il a mis les cendres
Dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder

Il s'est levé
Il a mis
Son chapeau sur sa tête
Il a mis son manteau de pluie
Parce qu'il pleuvait
Et il est parti
Sous la pluie
Sans une parole
Sans me regarder

Et moi j'ai pris
Ma tête dans ma main
Et j'ai pleuré. 
 
 

Wednesday, December 11, 2013

"...ton libérateur, ... le livre ..." - Victor Hugo


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A qui la faute ?
Victor Hugo (1802-1885)
//==//==//

-Tu viens d'incendier la Bibliothèque ?

- Oui.
J'ai mis le feu là.

- Mais c'est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.
Quoi! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire,
Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des jobs, debout sur l'horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;
Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d'esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître
À mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un noeud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !

- Je ne sais pas lire.


Friday, November 29, 2013

Marina - by Dalida



Dalida (1933-1987)

Marina
by Dalida
~~~~ // ~~~~


Marina, Marina, Marina
Je sais qu'il est bon d'être aimé
Mais ne vas, mais ne vas, ne vas pas
Courir au devant des baisers

Sans être certaine
Que l'on t'aime, que l'on t'aime
Que l'on t'aime autant que toi même
Oh non, non non, non non, non

Si l'amour t'invite
Ma petite te t'invite
Ne réponds pas tout de suite

Oh non, non non, non non, non

L'amour n'est pas toujours ce que l'on pense
Et quand on a le coeur plein d'impatience
On sait très bien très bien quand ça commence
Mais on oublie comment ça peut finir

Marina, Marina, Petite
Ecoute la voix de ton coeur
Mais ne vas, ne vas pas trop vite
Courir au devant du bonheur

 Ne vas pas trop vite, troppo vite, troppo vite
Effeuiller la marguerite

Oh non, non non, non non, non

Sois tendre et coquette,
Coq-coquette, coq-coquette,
Mais ne perds jamais la tête

Oh non, non non, non non, non

Marina, Marina, Marina

 

Monday, November 11, 2013

Monday, September 23, 2013

Tuesday, September 10, 2013

Le Chat - Charles Baudelaire


cat spa (?!)Charles Baudelaire 










Charles BAUDELAIRE   (1821-1867)
Le chat 
~~~ // ~~~

Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.

le chat ... a besoin de quelque chose evidement!


Thursday, August 29, 2013

Hymne à l'égalité - Marie-Joseph Blaise de Chénier



Marie-Joseph Blaise de Chénier














Hymne à l'égalité
Marie-Joseph Blaise de Chénier (1764-1811)


Égalité douce et touchante,
Sur qui reposent nos destins,
C'est aujourd'hui que l'on te chante,
Parmi les jeux et les festins.

Ce jour est saint pour la patrie ;
Il est fameux par tes bienfaits
C'est le jour où ta voix chérie
Vint rapprocher tous les Français

Tu vis tomber l'amas servile
Des titres fastueux et vains,
Hochets d'un orgueil imbécile
Qui foulait aux pieds les humains.

Tu brisas des fers sacriléges ;
Des peuples tu conquis les droits ;
Tu détrônas les priviléges ;
Tu fis naître et régner les lois.

Seule idole d'un peuple libre,
Trésor moins connu qu'adoré,
Les bords du Céphise et du Tibre
N'ont chéri que ton nom sacré.

Des guerriers, des sages rustiques,
Conquérant leurs droits immortels,
Sur les montagnes, helvétiques
Ont posé tes premiers autels.

Et Franklin qui, par son génie,
Vainquit la foudre et les tyrans,
Aux champs de la Pensylvanie
T'assure des honneurs plus grands !

Le Rhône, la Loire et la Seine,
T'offrent des rivages pompeux
Le front ceint d'olive et de chêne
Viens y présider à nos yeux.

Répands ta lumière infinie,
Astre brillant et bienfaiteur ;
Des rayons de la tyrannie
Tu détruis l'éclat imposteur.

Ils rentrent dans la nuit profonde
Devant tes rayons souverains ;
Par toi la terre est plus féconde ;
Et tu rends les cieux plus sereins.




Friday, August 9, 2013

Promenade à seize ans - by Guy de Maupassant


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Promenade à seize ans 

Guy De Maupassant

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La terre souriait au ciel bleu. L'herbe verte
De gouttes de rosée était encore couverte.
Tout chantait par le monde ainsi que dans mon coeur.
Caché dans un buisson, quelque merle moqueur
Sifflait. Me raillait-il ? Moi, je n'y songeais guère.
Nos parents querellaient, car ils étaient en guerre
Du matin jusqu'au soir, je ne sais plus pourquoi.
Elle cueillait des fleurs, et marchait près de moi.
Je gravis une pente et m'assis sur la mousse
A ses pieds. Devant nous une colline rousse
Fuyait sous le soleil jusques à l'horizon.
Elle dit : "Voyez donc ce mont, et ce gazon
Jauni, cette ravine au voyageur rebelle !"
Pour moi je ne vis rien, sinon qu'elle était belle.
Alors elle chanta. Combien j'aimais sa voix !
Il fallut revenir et traverser le bois.
Un jeune orme tombé barrait toute la route ;
J'accourus ; je le tins en l'air comme une voûte
Et, le front couronné du dôme verdoyant,
La belle enfant passa sous l'arbre en souriant.
Émus de nous sentir côte à côte, et timides,
Nous regardions nos pieds et les herbes humides.
Les champs autour de nous étaient silencieux.
Parfois, sans me parler, elle levait les yeux ;
Alors il me semblait (je me trompe peut-être)
Que dans nos jeunes coeurs nos regards faisaient naître
Beaucoup d'autres pensers, et qu'ils causaient tout bas
Bien mieux que nous, disant ce que nous n'osions pas.



Saturday, July 20, 2013

Paroles - Dalida / Delon


 
Dalida (1933-1987) ... et ... Alain Delon (1935-)
"paroles, paroles, ..."



C'est étrange.

Je ne sais pas ce qui m'arrive ce soir,
Je te regarde comme pour la première fois.


Je ne sais plus comme te dire,

Mais tu es cette belle histoire d'amour...
Que je ne cesserai jamais de lire.


Tu es d'hier et de demain

De toujours ma seule vérité.

Tu es comme le vent qui fait chanter les violons
 

Et emporte au loin le parfum des roses.

 

Par moments, je ne te comprends pas.




Une parole encore.
 

Écoute-moi.

Je t'en prie.

Je te jure.

Voilà mon destin te parler....
 

Te parler comme la première fois.

Comme j'aimerais que tu me comprennes.

Que tu m'écoutes au moins une fois.


Tu es mon rêve défendu.

Mon seul tourment et mon unique espérance.


Tu es pour moi la seule musique...
 

Qui fit danser les étoiles sur les dunes

 

Si tu n'existais pas déjà,
je t'inventerais.
 
Encore un mot, juste une parole

Écoute-moi.


Je t'en prie.
 

Je te jure.

Que tu es belle!

Que tu est belle!
 


Que tu est belle!

Que tu est belle!

****
Encore des mots toujours des mots
Les mêmes mots



Rien que des mots

Des mots faciles des mots fragiles
C'était trop beau

Bien trop beau

Mais c'est fini le temps des rêves
Les souvenirs se fanent aussi
Quand on les oublie


Caramels, bonbons et chocolats

Merci, pas pour moi

Mais tu peux bien les offrir à une autre
Qui aime le vent et le parfum des roses
Moi, les mots tendres enrobés de douceur
Se posent sur ma bouche mais jamais sur mon coeur


Paroles, paroles, paroles

Paroles, paroles, paroles

Paroles, paroles, paroles

Paroles, paroles, paroles, paroles, paroles
Encore des paroles que tu sèmes au vent

Encore des mots toujours des mots
 

Les mêmes mots

Rien que des mots

Des mots magiques des mots tactiques
Qui sonnent faux


Oui, tellement faux

Rien ne t'arrête quand tu commences
Si tu savais comme j'ai envie
D'un peu de silence


Caramels, bonbons et chocolats

 
Merci, pas pour moi
Mais tu peux bien les ouvrir à une autre
Qui aime les étoiles sur les dunes
Moi, les mots tendres enrobés de douceur
Se posent sur ma bouche mais jamais sur mon coeur.

Paroles, paroles, paroles

Paroles, paroles, paroles

Paroles, paroles, paroles
Paroles, paroles, paroles, paroles, paroles

Encore des paroles que tu sèmes au vent.

Paroles, paroles, paroles

Paroles, paroles, paroles

Paroles, paroles, paroles

Paroles, paroles, paroles, paroles, paroles
Encore des paroles que tu sèmes au vent
****